La spectaculaire Mercedes-Benz 300 SL « papillon » ne connut que trois ans de production au cours desquels 1 400 voitures seulement furent construites en grande partie de façon artisanale selon les meilleures traditions de Stuttgart. Mais en dépit de ce faible volume de production, Daimler-Benz était convaincu de l’intérêt d’inclure dans sa gamme un modèle de sport coûteux et vecteur d’une image d’excellence au point de développer une version décapotable et améliorée techniquement qui éliminait le trop connu problème d’aération posé par le coupé à portes « papillon ».

Un châssis modifié de 300 SL Roadster fut d’abord repéré à l’été 1956 à Stuttgart par le magazine allemand Auto, Motor und Sport. La 300 SL Roadster améliorée fit ses débuts au salon de Genève en mars 157. À la fin de l’année, les 70 derniers (sur 1 400) coupés « papillon » et les 618 premières 300 SL Roadster étaient achevés.

Parmi les nombreuses améliorations du Roadster, on notait l’abaissement de la section centrale du châssis allégé en treillis de la 300 SL qui permettait un accès à bord plus facile grâce à des seuils abaissés et à des portes agrandies. Mais la résistance à la flexion était conservée grâce à l’adoption de tirants diagonaux soudés entre les sections centrales abaissées et les traverses tubulaires arrière. La roue de secours repositionnée sous le plancher du coffre entraîna la réduction la capacité du réservoir tout en maintenant un volume de coffre raisonnable.

La suspension de la 300 SL Roadster fut révisée en repositionnant le pivot du demi-essieu oscillant et en introduisant un ressort hélicoïdal monté transversalement au-dessus du différentiel et articulé sur les deux demi-essieux par une biellette verticale, ce qui permit d’utiliser des ressorts arrière plus flexibles donnant un meilleur confort de marche et un comportement plus sain. Chaussé de pneus plus larges et doté d’une voie arrière supérieure, le Roadster ne présentait plus les réactions dynamiques souvent imprévisibles du coupé. Cette solution avait été empruntée à la voiture W196 de Grand Prix.

Ces évolutions avaient introduit un surpoids de 112 kg environ dont la plus grande partie provenait du capotage et de son mécanisme. La capote très bien ajustée se repliait en totalité derrière les sièges dans un compartiment que venait recouvrir un panneau articulé afin de rétablir une ligne de carrosserie épurée. Quoi qu’il en soit, la voiture demeurait très performante avec une vitesse de pointe de 220 km/h (donnée usine).

La 300 SL Roadster proposée ici fut livrée neuve aux Etats-Unis où elle résida pendant de nombreuses années dans le Maryland et en Californie. Superbement restaurée récemment par le réputé spécialiste Mercedes-Benz Lars Rombelsheim, elle est remarquable par le nombre extrêmement élevé d’organes majeurs d’origine. Caisse, moteur et essieux sont d’origine et tels qu’ils ont été livrés sans éléments remplacés. La voiture est peinte dans la même teinte qu’à sa sortie d’usine, en noir avec sellerie fauve avec un cuir de texture identique et présentant les mêmes motifs.

Pour en faciliter la conduite au quotidien, la voiture a été équipée de freins à disque sur les quatre roues. Un système de refroidissement avec préchauffage du moteur a été installé ainsi qu’un allumage électronique et un rapport final européen de 3,25 :1 pour une vitesse de pointe maximale. La 300 SL Roadster possèdent son récepteur de radio Becker Mexico d’origine, son jeu d’outillage et son cric ainsi que son manuel et son carnet d’entretien d’origine. Des projecteurs européens, un des équipements le plus appréciables sur la 300 SL Roadster, ont été trouvés et installés.

La 300 SL Roadster est entrée dans l’histoire comme une des plus belles automobiles sportives de sa génération. Il en existe de magnifiques exemplaires restaurés et d’autres très préparés pour être pilotés par des amateurs de performances pures. Celle-ci réunit le meilleur des deux écoles pour la plus grande satisfaction du passionné et du sportif.